
Tenue par l’arrêt des dérogations concernant ses rejets en mer en 2021, l’usine de production d’alumine Alteo de Gardanne continue son programme de recherche pour trouver des solutions. Plusieurs options sont en cours de test.
L ’usine Alteo de Gardanne ne rejette plus de boues rouges en mer depuis le 1er janvier 2016. Jusqu’en 2021, elle est cependant autorisée à rejeter des eaux polluées par un émissaire qui débouche dans le parc national des Calanques. Six composants bénéficient encore d’une dérogation : le fer, l’aluminium, l’arsenic, le pH , le DBO5 et le DCO. « Aujourd’hui, il n’y a pas de technologie sur catalogue permettant de respecter tous ces seuils, même si nous sommes bien inférieurs pour les métaux, assure Éric Duchenne, directeur des opérations d’Alteo. Trois pilotes ont été mis en place cet été ».
Deux procédés sont actuellement étudiés pour déboucher, a priori, sur une solution hybride. Le premier cherche à traiter séparément le flux avec de la matière organique, pour séparer les phases solide et liquide des rejets.
Le second vise à traiter les quatre paramètres qui posent encore problème - l’aluminium et le fer étant déjà à des niveaux « très en deçà des seuils réglementaires », selon Éric Duchenne -, notamment le pH . Il s’agit de neutraliser l’effluent, soit par injection de CO 2, soit avec le chlorure de magnésium présent dans l’eau de mer.
« Ces réactions produisent des résidus. La question est désormais : que faire de ces résidus ? Une étude exploratoire de valorisation est en cours. » Le choix technologique définitif se fera courant 2017 et devrait être complètement opérationnel en 2020.
Des produits de la mer peu toxiques
D’autre part, une campagne de prélèvements en mer, principalement des hydrotalcites et des sédiments, a été menée entre fin août et début octobre 2016 dans la zone touchée par les rejets : les résultats doivent être fournis avant la fin 2017 et sont en cours de traitement par l’Institut méditerranéen d’océanologie de Marseille.
Dernier rebondissement dans l’affaire : l’Anses a publié cet été un rapport concluant à la non-toxicité de la consommation des produits de la mer de la zone, hors oursins (dont les échantillons ne sont pas suffisamment fiables) et hors arsenic.
Les études s’avèrent plus longues et plus complexes pour cet élément, mais devraient être connues avant la fin de l’année.
« En considérant uniquement la consommation de produits de la mer et la population des non consommateurs d’oursins, il apparaît que la consommation de poissons provenant de la zone dite impactée entraîne des expositions statistiquement plus élevées en aluminium, cadmium et vanadium. Néanmoins, ces différences interzones ne sont plus constatées lorsque l’on considère les expositions totales (NDLR : calculées via la consommation de produits de la mer et le reste de l’alimentation courante). Cela s’explique par le fait que les produits de la mer contribuent à moins de 3 % de l’exposition totale à ces trois éléments chimiques. ». Pour les autres métaux (plomb, nickel, cobalt, mercure), l’étude parvient aux mêmes conclusions.
Trois recours déposés en 2015 contre Altéo sont toujours en cours d’instruction. » par Camille Bleuet
Cet article est reproduit dans ce site avec l’accord de la rédaction du Marin