Les rejets ont tendance à se comporter comme des sédiments naturels. Les observations sous-marines montrent qu’une faible partie des rejets est empêchée de s’écouler dans la fosse de Cassidaigne, du fait des turbulences et des courants marins. Des études, prenant en compte ces phénomènes, ont mis en lumière la répartition géographique de ces résidus. Elles ont observé les influences respectives des différents courants :
Les résultats mettent en évidence la formation d’un front de sédimentation à 60 kilomètres du débouché de la conduite qui avance de 4 à 5 Km par an depuis 1991 et épaissit dans l’axe du canyon. La vitesse de sédimentation réduit progressivement à la diminution de la quantité des rejets. La surépaisseur provoquée ne se mélange que très peu avec les sédiments préexistants.
Deux populations végétale et animale typiques se partagent l’espace allant du plateau continental à la plaine bathyale qui commence vers 2000 m de fond : la première correspond aux vases côtières d’origine continentale, la seconde est caractéristique des vases profondes méditerranéennes. Le peuplement de cette dernière décroît en quantité et diversité avec la profondeur, en même temps que se raréfient les apports nutritifs venus du littoral.
6 campagnes d’observation du milieu marin recommandées par le Comité Scientifique de Suivi apportent plusieurs types d’enseignements (1997-2012).
L’évolution du peuplement sous-marin au contact des résidus de bauxite :
Des résultats de tests d’écotoxicité sont disponibles pour différentes espèces (poissons, crustacés, oursins, mollusques, bactéries…). Selon les critères en vigueur, tous ces tests sont négatifs et permettent de conclure à l’absence d’écotoxicité des résidus lorsqu’ils sont immergés. Lors de la campagne en mer de 1998 et 1999, des effets mineurs ont été montrés chez l’oursin et les bactéries à proximité de l’émissaire. Ces effets n’ont pas été confirmés lors des campagnes suivantes. Ils seraient associés à des effets mécaniques et non toxicologiques en lien avec la finesse des particules des résidus.
Les résultats des suivis écologiques réalisés sur la macrofaune benthique montrent que, dans le périmètre d’influence des rejets de résidus, les peuplements des fonds marins meubles restent diversifiés. Ces résultats mettent en évidence une colonisation des sédiments contenant des résidus jusqu’à 2 400 m de profondeur. Néanmoins, les peuplements ont disparu dans la zone immédiate de l’écoulement (vraisemblablement par effet mécanique). Ces études permettent de conclure à une absence d’impact des résidus sur la macrofaune benthique y compris à forte profondeur.
Des études sont menées régulièrement pour connaître le devenir en mer des résidus inertes (chimiquement inactifs).Elles portent sur la détermination nette des caractéristiques du dépôt sur les fonds marins. Elles mesurent l’évolution dans le temps de son influence sur le milieu et sur les animaux.
Cinq séries de tests en toxicité ont été reconduits sur quatre campagnes (1997, 1999, 2002, 2007, 2012) afin de vérifier la stabilité des résultats dans le temps. Ces études ont été réalisées par l’association ADECTox à Bordeaux. Elles portent sur :
1997 |
1999 |
2002 | 2007 | 2012 |
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Test microtox d’inhibition de la luminescence |
sur la bactérie Photobacterium phosphoreum |
sur la bactérie Vibrio fischeri pour la fraction lixivée et solide |
sur la bactérie Vibrio fischeri pour la fraction lixivée et solide |
sur la bactérie Vibrio fischeri pour les lixiviats et la fraction solide |
sur la bactérie Vibrio fisacheri pour les lixiviats et la fraction solide |
Test de létalité |
sur le loup Dicentrarchus labrax |
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Test de génotoxicité |
sur la bactérie Salmonella typhimurium |
sur la bactérie Salmonella typhimurium |
sur la bactérie Salmonella typhimurium | ||
Test de développement larvaire |
sur l’oursin Paracentrotus lividus |
sur la moule Mytilus sp. Pour la fraction lixiviée et solide |
sur la moule Mytilus sp. Pour la fraction lixiviée et solide | sur l’huître pour les lixiviats et la fraction solide |
sur l’huître pour les lixiviats et la fraction solide |
Radioactivité | sur résidus en place |
sur résidus en place | |||
Test de toxicité aigue
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sur amphipode corophium de la fraction solide |
182 biotests effectués sur 19 points de prélèvement confirment l’innocuité générale des résidus collectés en mer.
Les résultats obtenus sur quatre stations suivies régulièrement depuis 1997 ne montrent pas d’évolution temporelle significative de l‘écotoxicité.
Cependant, les résultats sur le développement larvaire (% de larves anormales) montrent une toxicité moyenne (deux stations en 1997 et une autre en 2012 avec un niveau 2).
En 2002 et 2007, les notes attribuées à ces stations sont toutefois inférieures : risques négligeables à faibles.
Deep-sea foraminifera from the Cassidaigne Canyon (NW Mediterranean) : Assessing the environmental impact of bauxite red mud disposal. C Fontanier et Al
5e campagne de suivi du milieu marin (3-8 septembre 2012)
4e campagne de suivi du milieu marin (septembre 2007)
Questions à Jean-Claude DAUVIN
Réglementation des installations classées
Synthèse des résultats des campagnes 1991,1997, 2002 - G Stora
Les résidus de bauxite, qui ont été lavés avant d’être transportés par la canalisation, ont une teneur en soude semblable à celle de la mer. Celle-ci est contrôlée régulièrement.
Si un baigneur était en contact avec le produit, il ne ressentirait aucun effet.
Malgré des hypothèses très conservatoires (ex. quantités ingérées tous les jours pendant toute la durée de la vie), il n’a pas été identifié de risques sanitaires liés à la consommation de poissons exposés aux résidus de bauxite de l’usine de Gardanne.
Des études d’évaluation des risques sanitaires ont été menées en 2005 par le Laboratoire d’hydrologie et de molysmologie aquatique de l’Université Aix-Marseille II, suite à une campagne de pêche menée en 2004 sur des poissons exposés aux résidus de bauxite.
Objectifs :
Les scientifiques estiment qu’une incidence de risque** est possible lorsque celui-ci est supérieur à 1.
L’étude démontre que cette valeur n’est jamais dépassée pour les poissons qui ont été pêchés dans le canyon.
* consommation de poisson de référence d’après l’étude des consommations individuelles de poisson en France, Volatier 2000
** calcul de l’incidence de risque (IR) :
Des articles concernant le rejet des résidus de bauxite de l’usine de Gardanne dans le canyon sous-marin de Cassidaigne ont été publiés dans la presse ou sur des blogs (2012). Nous souhaitons y apporter un éclairage complémentaire.
Ifremer, Centre d’Océanologie de Marseille, Créocean, Biotox, etc. ont réalisé des études et aucun de ces rapports n’a été tenu confidentiel. Tous ont été communiqués au Comité Scientifique de Suivi qui recommande des études depuis 1995 pour mieux comprendre et suivre l’évolution des populations sous-marines au contact des résidus et évaluer les risques sanitaires liés à la consommation de poissons. Les rapports du Comité Scientifique de Suivi, qui intègrent les résultats de ces études, sont remis chaque année aux autorités et portés à la connaissance du public.
Le Comité Scientifique de Suivi a été mis en place par arrêté préfectoral du 30 octobre 1995 ; il est aujourd’hui composé de 7 membres, tous nommés par la préfecture. Il a été renouvelé 5 fois depuis sa création, et ce sont au total 19 scientifiques indépendants - spécialisés en écotoxicologie , radioécologie, écologie marine, halieutique , gestion et valorisation des déchets - qui ont défini les programmes d’études et suivi la réalisation des travaux.
En tant qu’industriel nous ne participons pas au choix des scientifiques, et n’avons pas la compétence pour juger les résultats de leurs travaux. Nous constatons toutefois que les spécialités des membres du CSS sont diverses et que les participants sont renouvelés. Nous considérons, comme la préfecture qui le désigne, que ce comité est un véritable organe de surveillance et d’étude essentiel au suivi des impacts de notre activité.
Extraits du communiqué du 27 juillet 2012 de Jean-Claude Dauvin
« Un ensemble de quatre tests écotoxicologiques a été réalisé sur du sédiment pris sur place entre 265 et 1065 m de profondeur au cours des campagnes échelonnées de 1997 à 2007.
Vous trouverez ci-contre l’article intégral de Jean-Claude Dauvin détaillant plusieurs résultats d’études.
L’usine de Gardanne fabrique des alumines de spécialités (et non pas de l’alumine destinée à la fabrication de l’aluminium) avec une position de leader notamment sur le marché des carrelages, des céramiques techniques et du verre LCD.
Elle est en train d’investir plus de 25 M€ pour préparer l’arrêt des rejets solides de résidus de bauxite en mer à partir du 31 décembre 2015 et reconfigurer la gestion de ses eaux de procédé. Cette étape fera de l’usine d’alumine de Gardanne l’une des seules à travers le monde à déshydrater 100% de ses résidus.
Une partie des sommes investies vise à développer des filières de valorisation pérennes pour la Bauxaline®, nom donné au résidu déshydraté. La Bauxaline® est aujourd’hui utilisée de manière récurrente pour des marchés tels que le remblai routier ou la couverture de décharges (pour ses caractéristiques d’étanchéité proches de celles de l’argile).
Nous préparons aujourd’hui l’avenir et investissons de gros moyens en recherche et développement pour utiliser la Bauxaline® en dépollution (aptitudes du matériau à capter les métaux lourds) ou comme matière première grâce à des procédés novateurs.
La bauxite comme d’autres roches de l’écorce terrestre contient des éléments radioactifs.
En mer, l’étude Thébault et al (2005) a montré que les teneurs en Césium au niveau de Cassis étaient comparables au niveau naturel de Césium que l’on trouve sur la Côte méditerranéenne.